
Les Normands nous partagent leur savoir faire concernant l'art de la haie.
Dans notre petit coin de Normandie, en pleine Suisse Normande, la haie c’est quelque chose ! Mais… vous me direz… dans plein d’autres endroits aussi ! En tout cas , dans notre Bocage Normand, mais aussi dans le Perche, dans le Pays d’Auge, chez nos voisins de la Manche...nous sommes un bon nombre à y accorder une grande importance à ces haies !

Sur notre ferme nous avons entretenu un maillage important, de haies de bonne épaisseur, nous en avons régulièrement planté de nouvelles. La biodiversité s’épanouie pour notre plus grand plaisir, nos animaux d’élevage quand nous avions encore un troupeau laitier pouvait s’y abriter, voire compléter son alimentation par la dégustation des branches… Il y a quelques années lors d’une « Fête de l’Arbre » qui avait lieu chez nous, un intervenant faisait une démonstration de haie sèche et de haie plessée. Nous savions que cette technique avait existé sur notre territoire mais n’avions pas pris le temps de nous en préoccuper.
Un ami, Stéphane, a été emballé par cette technique et s’est mis à y regarder de plus prêt. Il s’est lancé et a testé pour lui diverses formes : haies plessées, haies tressées, haies palissade, haie sèche. Ses essais ont fait tache d’huile, ou ont déteint sur nous ...et hop, nous aussi depuis quelques années nous prenons plaisir à utiliser autrement nos tailles de branches, ou accompagner différemment la pousse de nos noisetiers. Le principe de ces haies est qu’elles sont sympas à l’œil bien sûr, mais elles peuvent aussi jouer différents rôles forts intéressants.
Je suis allée voir Stéphane en lui demandant ce qu’il trouvait de chouette dans ces façons de faire, et comment il s’y prenait.
Stéphane est parti d’un constat : quand nous entretenons nos haies, plusieurs solutions s’offrent à nous. Nous pouvons bruler les branches dans le champ …tout simplement…mais ça ce n’est pas top du tout. Nous pouvons faire des fagots pour notre cheminé, si on en n’a l’utilité… Sinon il est possible de faire des copeaux de BRF, et quand on broie en vert ça peut faire un amendement pour son potager. Et une autre solution est de ne pas transporter ces branches coupées mais de les utiliser là où elles se trouvent en fabriquant des haies sèches (ou Benjes) ou des palissades naturelles. Et ça c’est chouette !
La haie sèche
La haie sèche permettra aux insectes, oiseaux et autres animaux sauvages de s’y installer, elle séparera aussi des espaces. Le principe est simple, on récupère, par exemple, d’anciens piquets de clôture ou des branches plus grosses, on les enfonce en deux rangs et entre ces deux rangs de piquets, on y entasse les branches, branchettes provenant de la taille des arbres, mais aussi des branches mortes, le tout forme un mur. Au fil des mois les branches se tassent, et on revient en ajouter de nouvelles à chaque fois que nous faisons une nouvelle taille.

Palissade naturelle
Pour la palissade naturelle, Stéphane utilise des branches plus souples. C’est un système de tissage, et forme un panneau. Il part d’un gabarit. Il a utilisé une ancienne échelle en bois, il a enlevé les barreaux. Il a ainsi des trous à espaces réguliers. A l’emplacement des trous il place des perches. Ensuite il tresse des fines tailles de noisetier, d’osier (Stéphane précise qu’il devrait y avoir de l’osier planté dans tous les jardins !) ou de tout autre arbuste. Une fois le tissage terminé, il déboite le panneau palissade de son socle et peut l’installer où il veut, où il peut en avoir besoin. Ce peut être pour faire une barrière, pour installer dans son jardin et y faire courir des concombres ou autres plantes dessus, ou l’incliner pour faire de l’ombre à ses plantations en cas de grosses chaleurs.

Il arrive aussi à Stéphane de faire des palissades plus grosses avec de fins piquets enfoncés en terre qui restent alors en place. C’est ce qui entoure son compost par exemple.

La durée de vie de ces palissades est moins longue que celle de la haie sèche qui est régulièrement réalimentée. Un panneau palissade dure environ ans, et sont rentrées en hiver. Et oui en Normandie il pleut beaucoup !
La Haie plessée
Et l’autre type de haie que nous avons nous aussi pratiqué est la haie plessée. Ici c’est une conduite de l’arbre différente d’une pousse droite. Certaines branches sont ôtées, d’autres partiellement taillée et pliées, créant une clôture vivante, très efficaces pour séparer des prés. Des branches partiellement coupées, repoussent d’autres branches. Et d’année en année une nouvelle taille ou maintien peut être effectuée.


Autrice de cet article...
Accueil Paysan est un réseau associatif, les adhérent·es se mobilisent pour écrire les articles de la rubrique actus. Ainsi, cet article a été rédigé par...

Sylvie Ouvry, adhérente de Camping Paysan de la Gilberdière à Berjou, dans l'Orne.