La préservation des haies vertes ou haies bocagères chez Babette

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Entretien avec Elisabeth Bernier, dite Babette, dans les Deux Sèvres.

Une ferme familiale et un engagement ancien en agriculture biologique

Élisabeth Bernier et Denis Imbert tiennent une ferme d’élevage comportant un cheptel de 250 chèvres, élevées en plein air, et ils entretiennent 80 hectares autour de l’exploitation, entièrement en culture et en pâturage. Ils habitent un hameau au centre des Deux-Sèvres, à une quinzaine de kilomètres de la petite ville de Parthenay. Cette exploitation agricole est en bio depuis 50 ans. Le père de Denis avait auparavant exercé son activité dans l’agriculture intensive mais l’ensilage au début n’était pas maîtrisé, donc les vaches étaient tombées malades : ce qui l’a incité à mener sa conversion en bio au tout début de la période de « mécanisation » de l’agriculture.

 

Un accueil touristique en harmonie avec la nature

Babette y gère un gîte et un camping qui complètent leur élevage caprin. Les hébergements sont intégrés à des dépendances qui comprennent notamment un four à pain et des logements abrités sous combles dans un bâtiment couvert d’un toit traditionnel restauré selon les règles de construction du bâti ancien. Ces gîtes ont été écolabellisés : une démarche personnelle, selon Babette, cohérente avec le choix de l’activité en agriculture bio, parce que la clientèle ordinaire est en attente d’une certaine qualité autant pour l’hébergement et manifeste un réel intérêt pour la démarche dans laquelle la prestataire a souhaité s’engager. Elle sait qu’en se rendant ici elle trouvera, en plus de la tranquillité du lieu, une certaine qualité de vie et le plaisir de pouvoir découvrir au contact de personnes passionnées par leur métier un aperçu de la réalité des paysans d’aujourd’hui.

 

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Un patrimoine paysager vivant et préservé en Gâtine grâce aux haies

Babette a pris un peu de son temps pour parler de son exploitation fermière et aussi de la vision qu’elle partage avec son conjoint Denis au sujet de leur environnement, sans oublier le bien-être apporté aux bêtes qu’ils élèvent ensemble. Le paysage agricole alentours fait de champs et de haies vertes (ou « bocagères ») qui enserrent des parcelles de taille plus ou moins grandes comme l’on trouvait encore avant les années 1950 dans l’ensemble des régions de l’ouest de la France est celui de la Gâtine (faisant partie sur le plan historique du Bas-Poitou). Les anciens paysans et les exploitants ont voulu préserver un héritage de plusieurs siècles de culture agricole et d’adaptation au climat propre à cette région. Ces haies sont des rescapées du remembrement des années 1945-1960. Les cultures actuelles sont adaptées à un terrain constitué de sols acides ou argilo-sablonneux, imperméables, qui conservent leur humidité en période froide, ce qui est bénéfique à la végétation lors des étés secs.

 

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Haies bocagères dans les deux sèvres pour préservation de la nature et de la biodiversité sur les parcelles agricoles

 

On remarque des haies spécifiques en Gâtine par la présence d’arbres bien adaptés au milieu naturel et aux sols argileux et granitiques : les chênes pédonculés, le charme, le frêne, le noisetier, le hêtre comme dans les régions du nord-ouest de la France (il y a en effet une grande affinité avec le climat de la Bretagne et la Gâtine partage avec cette région la même biodiversité) : le châtaignier, le saule et le peuplier sont rares sauf dans des zones plus exposées à l’ensoleillement.
Les espèces d’arbres fruitiers communes en Gâtine sont le prunellier, l’aubépine, l’églantier, le poirier, le pommier clochard connu pour être plus résistant que les pommiers plantés dans les zones de plaine calcaire. Le fusain, plus méridional, y est rare. À ce propos, Babette m’a précisé le rôle des arbres dans ce milieu : ceux plantés dans les haies sont des pommiers « de plein vent » et occupent une place particulière car ils constituaient une réserve de nourriture pour les bêtes comme pour les humains.

 

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Petite précision historique : le bois des arbres des haies était utilisé pour faire du bois en plaquettes ou en bois de chauffage : pour cela les arbres sont taillés de façon à « mettre l’arbre en tétard » : c’est à dire que la découpe du bois se faisait alors sur les chênes et les frênes quand ils perdaient leur feuillage et qu’on recueillait leurs branches en ne laissant que leurs naissances au niveau de la tête du tronc (plus vers la vallée de la Loire on parle de « trogne »). Durant l’Ancien Régime, ce mode de récolte était lié au système de fermage : le tronc de l’arbre était propriété du seigneur, donc le paysan – serf ou métayer – pouvait exploiter seulement la partie supérieure de l’arbre pour son usage domestique.

Afin d’accompagner le développement de la biodiversité et ayant à l’idée d’exploiter d’autres ressources naturelles du terroir, Babette a planté un verger récemment sur ses terres, une façon de réhabiliter un mode de culture qui existe depuis plusieurs siècles dans cette région et de tirer parti de ce que les conditions climatiques particulières lui offrent de meilleur.