Accueil paysan et les évolutions du tourisme

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Aude VIDAL, salariée du Pôle InPACT, a assisté aux Rencontre Nationales Accueil Paysan qui ont lieu chaque année pour réunir les membres du réseau et mener ensemble des réflexions, des ateliers, des temps d'échange et de partage. Elle nous rapporte ces échanges dans son article qui a aussi été publié dans l'Âge de Faire n°185, édition de juin 2023.

L’accueil paysan, révolution tranquille du tourisme ?

C’est au cœur de l’hiver, quand les saisons touristiques et agricoles se sont calmées, que les membres d’Accueil paysan se retrouvent chaque année pour envisager les évolutions de leur métier de paysan·nes-accueillant·es. Le tourisme n’est pas la seule dimension de leur accueil, qui consiste aussi en accueil social et éducatif, mais c’est l’objet des rencontres de cette année, à l’invitation d’Accueil paysan Occitanie sur les bords de l’étang de Thau dans l’Hérault. Venu·es du Lot, de l’Aude ou de l’Aveyron, les paysan·nes de la région accueillent leurs collègues de la France entière pour partager leurs interrogations, guidé·es par la réflexion d’autres acteurs du secteur. Le tourisme, une économie très sensible aux aléas, a été bouleversé pendant la crise sanitaire. Alors que certaines destinations étaient très touchées, les campagnes françaises ont été comme redécouvertes en 2020 et 2021. Ces deux étés ont vu s’exprimer de nouvelles envies dans le public concernant un tourisme plus local, avec des pratiques plus écologiques, et l’activité des membres de l’association en a profité, en légère croissance. L’été 2022 a en revanche été marqué par des canicules à répétition, une forte sécheresse et une prise de conscience générale des désordres climatiques. La critique du tourisme, activité en concurrence avec l’agriculture comme avec les besoins des habitant·es à l’année, touche aussi les membres de l’association, qui s’interrogent sur l’avenir du tourisme et les conditions dans lesquelles il peut être cohérent avec leurs valeurs.

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Face aux bouleversements environnementaux et sociaux, les membres du réseau Accueil Paysan s’interrogent sur l’avenir du tourisme rural et de l’agritourisme.
 

 

Un tourisme accessible à tous·tes, au service de la vie locale

Les paysan·nes de l’association défendent un droit aux vacances qui n’est souvent pas effectif pour les plus pauvres. Le chiffre est très variable d’année en année mais environ 40% d’entre nous ne partent pas en vacances tous les ans, même si une majorité des vacancier·es est hébergée par de la famille ou des ami·es, hors secteur marchand. Cette industrie qui ne sert pas tout le monde repose sur l’exploitation d’un personnel saisonnier, note d’emblée Olivier, producteur et transformateur de lavande et tomates au Mas de Cantagrel à Saint-Cirq Lapopie, village touristique du Lot. Beaucoup font également le constat que dans les territoires attractifs, le tourisme prend la part belle des logements, sous forme de résidences secondaires, de locations temporaires ou d’offre hôtelière, et en prive les habitant·es les plus précaires. Des logements restent vides jusqu’à dix mois par an quand par ailleurs ils font défaut. Voyant que dans la vallée de la Drôme les habitant·es peinaient à se loger et que cela ne permettait plus de créer des activités localement, de maintenir une vie hors de la belle saison, Inès, paysanne à la Chèvre qui saourit à Saou, a fait le choix de sortir son gîte et sa chambre d’hôtes du marché touristique pour le louer à l’année. C’est moins de travail pour elle qui peut ainsi s’investir plus sur la ferme mais le manque à gagner est important et pour supporter les moindres entrées d’argent, avec son compagnon Daniel, ils ont dû rééchelonner leur prêt. « Dans la vallée, dit-elle, les gens souhaitent gagner des sous facilement, la question ne se pose pas pour eux. » Pierre-Jean, éleveur équin et caprin à la retraite, aujourd’hui accueillant au Coustalou à Najac, dans l’Aveyron, rappelle les valeurs partagées dans l’association : « C’est notre responsabilité d’agri-ruraux de ne pas nous engouffrer dans une activité qui fait mal au territoire. On n’est pas là que pour gagner du pognon. »
 

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Inès de Rancourt a fait le choix de louer son gîte annuellement, pour maintenir la vie hors saison dans son village de Saoû dans la Drôme, et investir plus de son temps dans sa chèvrerie. Elle conserve tout de même son relai en accueil touristique.
 

Élisa, éleveuse de vaches allaitantes à la Maison neuve en Vendée, fait aussi le choix de « ne pas gagner trop d’argent » pour rendre son camping plus accessible. Elle accepte les chèques-vacances, une conquête sociale, même si c’est peu avantageux pour elle, et refuse de faire payer des suppléments aux vacancier·es. Élisa loue 400 € la semaine un mobil home de quatre personnes mais dans sa région les prix grimpent facilement à 1 200 €, avec des infrastructures plus coûteuses : climatisation, équipements plus chers à renouveler plus souvent. Selon elle, « en Vendée le tourisme a changé ces dernières années, dans le sens du confort ». Les coûts liés aux vacances ont augmenté depuis vingt ans, plus vite que ceux liés à la vie quotidienne, qu’il s’agisse de transport ou d’hébergement, et cela contribue à en priver les ménages les plus modestes. Les accueillant·es notent autour d’eux une montée en gamme généralisée des infrastructures d’accueil et une offre qui se réduit pour les familles de classe populaire. Le secteur, qui n’est plus piloté par un ministère mais par une agence, Atout France, dans laquelle sont très bien représentés les acteurs « trois étoiles », soutient une logique d’augmentation des dépenses touristiques par personne qui se retrouve jusque dans les offices de tourisme locaux. Avec pour conséquence l’exclusion des plus pauvres.
 

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Face au constat de la montée en gamme des offres touristiques chez elle en Vendée, et l’augmentation générale des coûts liées aux vacances, Elisa souhaite continuer à privilégier l’accès aux vacances pour tous·tes avant les bénéfices financiers pour son lieu d’accueil.
 

À cela les membres d’Accueil paysan répondent en préservant des conditions d’hébergement plus rustiques où l’on préfère des solutions plus écologiques et sobres. « Les mobil homes de nos voisin·es sont climatisés, note Élisa, alors que le meilleur climatiseur, c’est l’arbre. Nous on en a 3 000 sur le camping et on n’a pas de bitume ! » Les accueils n’ont pour la plupart pas de piscine, qui consommerait eau et énergie. Mais chez Laurence, éleveuse de bovins à la ferme du Paradis dans le Tarn et Garonne, comme chez Patricia, vigneronne au Domaine des 3 Versants en Loire-Atlantique, une rivière coule à proximité et elles invitent les vacancier·es à aller s’y rafraîchir. Laurence résume la philosophie d’Accueil paysan : « C’est trouver le luxe ailleurs que dans la clim et la piscine. » Une autre vision de l’écologie se déploie ici, loin des recettes du tourisme durable que rappelle Olivier, à base d’ampoules LED, de dispositifs d’économie d’énergie et de tri des déchets mais dénué de sobriété.

 

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Les enfants profitent de  la fraîcheur des arbres et du point d’eau à la Maison neuve en Vendée, chez Elisa, comme c’est le cas également chez Laurence dans le Tarn-et-Garonne ou chez Patricia en Loire-Atlantique  ou une rivière coule près  de leur lieu d’accueil. 
 

Des vacances plus écologiques

Dans presque toutes les régions, les fermes ont subi de plein fouet les conséquences du changement climatique lors de l’été 2022. Cela a donné lieu à une concurrence douloureuse entre tourisme et agriculture pour les ressources, notamment l’eau, quand celle-ci était encore disponible. Mieux que d’autres, les membres d’Accueil paysan saisissent l’importance des arbitrages entre les deux et s’organisent pour être aussi sobres dans un champ que dans l’autre. Cela passe par des équipements bien pensés et par la sensibilisation du public. Les recettes s’échangent lors des ateliers, comme la récupération des eaux (pluie, douche, vaisselle) ou l’absence de pommeau fixe dans la douche. Certain·es ont fait le choix des toilettes sèches pour économiser l’eau mais pour d’autres c’est une solution qui exige trop de travail et de manutention, ou bien qui est impraticable avec l’accueil de classes entières d’enfants qui n’y sont pas habitué·es. C’est aussi les usages qu’il faut interroger.
 
Les accueillant·es font l’effort de sensibiliser leur public aux économies d’eau et d’énergie en abordant ce sujet à l’arrivée ou en affichant des recommandations mais le message passe parfois difficilement, par exemple quand les autres accompagnateurs et accompagnatrices des groupes d’enfants ne font aucun travail préalable dans ce sens. Florence, de l’asinerie d’En Manaou en Haute-Garonne, a même vu des accompagnateurs brancher pour la sieste des enfants une climatisation portable dans une salle ouverte sur l’extérieur. Elle a envoyé tout le monde se rafraîchir sous les arbres. Colette, permacultrice et accueillante à la chambre d’hôte des Vignes dans l’Orne, et Fabienne, éleveuse retraitée de la ferme de la Caubrière dans la Manche, ont tiré les conséquences de la crise des prix de l’énergie et fermé cette année leurs hébergements au 1er octobre pour éviter d’avoir à les chauffer. Ne pas avoir de frais de climatisation rend plus résistant·e aux crises économiques, certes, mais les prix de l’énergie impactent tous les usages.

Sensibiliser à l’écologie, ce peut être le tri de déchets, plus compliqué à la ferme quand il s’agit de savoir ce qui peut être donné aux poules et ce qui peut être composté. Ou bien l’éco-construction, que transmet Colette, avec le choix des matériaux, la construction d’un four solaire et la recherche d’autonomie sur le lieu. C’est aussi la découverte de la nature, particulièrement pour les plus jeunes. Élisabeth, apicultrice aux Ruchers des Mességuières dans le Vaucluse, partage avec d’autres, lors d’un atelier sur l’écologie, son travail de passeuse : « Il n’y a pas que les animaux d’élevage sur la ferme, il y a aussi des animaux sauvages. On explique leur rôle aux enfants que nous accueillons. Le renard ne fait pas que manger les poules, la guêpe a aussi un rôle, on la préserve comme les abeilles. En accueil pédagogique on voit que les enfants identifient un peu la faune mais pas la flore. Ils ne reconnaissent pas les plantes, ne connaissent pas leur intérêt. Elles servent à tout le monde, pas qu’aux humains mais aussi aux insectes, au sol, aux autres animaux. »
 

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Les lieux d’accueil affichent les recommandations pour sensibiliser les visiteurs aux gestes responsables, comme ici sur le camping de la Maison Neuve en Vendée.

 

La campagne donne plus qu’ailleurs l’occasion de rechercher l’autonomie, à partir des ressources locales, comme le fait Véronique. Productrice de fruits et petits fruits au Rucher de Pech Larive dans le Lot, elle n’est raccordée à aucun réseau, ni d’eau ni d’électricité. C’est au prix de certains efforts pour elle et sa famille, comme la limitation de la puissance électrique à la maison, et parfois de grandes difficultés, quand l’été dernier une fuite lui a fait perdre de précieux mètres cubes dans l’installation qui récupère l’eau de pluie. L’autonomie est une valeur très forte à Accueil paysan et plus largement au Pôle InPact, dont la fédération nationale est membre. Mais l’habitat isolé offre également des contraintes, comme la nécessité d’une automobile pour se déplacer, et c’est une épine dans le pied des membres du réseau pour proposer des séjours à moindre impact écologique. Patricia la vigneronne vit non loin de Nantes, la gare la plus proche est bien desservie mais elle est encore à 3 km. Laurence est située à 6 km d’une gare mais aussi à 5 km d’une vélo-route. Elle a pris une labellisation accueil vélo. Pour encourager les mobilités douces, les accueillant·es sortent du modèle de la location à la semaine qu’on rejoint en voiture et nouent des partenariats avec des loueurs de vélo, font connaître leur offre auprès des organisateurs de circuits de randonnée. Beaucoup constatent que même les personnes qui viennent en voiture se déplacent peu et apprécient de se reposer dans un endroit agréable. Ailleurs, les accueilli·es sont inclus·es à la vie d’un hameau où les transports sont mutualisés et où une personne descend au marché pour tout le monde. Certain·es paysan·nes notent un recours plus fréquent au covoiturage, depuis quelques années que le prix des carburants reste très élevé. D’autres non, le public est loin d’être homogène et les situations varient d’un endroit à l’autre.
 

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Les accueillant·es du réseau ont à cœur de proposer une expérience écologique approfondie, comme ici chez Colette dans l’Orne qui fait découvrir le four solaire à ses visiteurs, dans une logique d’autonomie.

 

Loin des standards, la découverte

Voyager loin est une norme sociale qui a la vie dure, même si les confinements l’ont légèrement entamée. Le secteur touristique compte encore avant tout les arrivées internationales, comme si les touristes domestiques ne comptaient pas ou peu. Pré-Covid, les résident·es français·es étaient pourtant 87 % à rester dans l’hexagone pour leurs séjours touristiques et y consommaient plus de 80 % des nuitées. Les membres d’Accueil paysan, sans surprise, ont des racines profondes et apprécient de rester au pays. L’association n’en est pas moins cosmopolite, on y croise des paysan·nes venu·es d’autres pays, comme Patricia, une Audoise à l’accent anglais de la ferme de Lavaldieu, ou Jan (Yann), un Flamand longtemps émigré en Australie et qui a fini par se poser dans le Larzac. Il y accueille, à la micro-ferme du Petit Pailler, adolescent·es en difficulté et wwoofeuses et wwoofeuses : « Je ne voyage plus, dit-il, c’est le monde qui vient me voir. »
 

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Les accueillant·es encouragent les mobilités douces autour de leur lieu d’accueil, comme ici l’itinérance à vélo non loin du Domaine des 3 versants, chez Patricia en Loire-Atlantique.  Crédit photo : lesglobeblogueurs.com.

 

Didier, qui a une ferme équestre, Équidétente, en Île-et-Villaine, résume le prestige des kilomètres parcourus : « On te dit qu’en dehors de 100 km de chez toi tu n’es pas en vacances mais tu peux aller pique-niquer à 15 km et passer des moments géniaux. » Il raconte ses propres vacances en Vendée avec des enfants qui dans la queue d’un parc d’attraction attendaient avec impatience l’heure de rentrer à la ferme jouer avec les dindons. Il déplore que les vacances soient aussi standardisées : « C’est ce que veulent les parents ? Dans ce cas, qu’ils n’emmènent pas les gamins ! » Élisa, qui les accueillait, confirme que la ferme, dans son expérience de fille de paysan·nes, d’ancienne éducatrice spécialisée et d’hôtesse qui reçoit des familles, offre des expériences précieuses qui « remettent les enfants dans un contexte d’enfant ». Cécile élève des moutons aux Sabots de laine, une ferme pédagogique en Haute-Vienne. Elle observe elle aussi des aspirations contradictoires entre enfants et parents, un enfant accueilli lui ayant dit un jour : « Mes parents veulent que j’aille faire des trucs à la mer mais moi je veux revenir ici faire des cabanes. »

Dans le choix d’une destination de vacances, chacun·e interroge ses désirs mais les injonctions sociales sont fortes et les parents, de crainte de mal faire, souhaitent souvent offrir à leurs enfants des vacances considérées depuis l’extérieur comme appréciables. La gouvernance du tourisme, jadis ambition politique émancipatrice, repose désormais plus sur le marché, qui valorise des choix très standardisés. Prosper Wanner, anthropologue et animateur de l’association Les Oiseaux de passage qui se mobilise pour l’accueil de toutes et tous à Marseille, présent lors de ces journées, note qu’en matière de tourisme social les aides à la personne, qui assurent la liberté de choix individuelle, sont dépensées à hauteur de 5 % dans les structures de l’économie sociale et solidaire. C’est au contraire Disneyland Paris qui capte la première part de cette manne.
 

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Les enfants apprennent à reconnaître et respecter les animaux de la ferme, mais aussi les animaux sauvages et la flore. Comme l’exemple ici à l’Asinerie d’en Manaou en Haute-Garonne, où ils découvrent les végétaux de la forêt en compagnie des ânes. 
 

Loin de ces formes de tourisme, l’accueil paysan offre un autre rapport au lieu. Alors que les touristes internationaux « font » la France en moins de sept jours en moyenne, les personnes accueillies par Pierre-Jean sur son ancienne ferme aveyronnaise « restaient deux semaines et pensaient ne pas avoir épuisé le lieu ». Laurence décrit sa médiation, qui permet aux touristes de voir d’autres choses, de s’inscrire dans la vie quotidienne d’un nouvel endroit : « J’informe sur l’offre qu’il y a dans un rayon de 5 km, pas forcément des choses identifiées tourisme, comme un café associatif, une ressourcerie, un magasin de producteurs. » 

 

Quand l’accueil est une rencontre

Accueil paysan propose des séjours à rebours de toute standardisation et où priment la rencontre, l’accueil de l’autre, la diversité, quelle que soit la modalité de l’accueil, touristique, social ou éducatif. « On n’est pas figé sur un type d’accueil, explique Patricia. On n’est pas tenu d’avoir une piscine, un lave-vaisselle, la télé, des éléments de confort pur. On a envie de faire découvrir ce qu’on vit, surtout les accueillir. Il en faut, du confort, mais pas obligé d’avoir un méga confort. » Prosper, des Oiseaux de passage qui accueillent toutes sortes de voyageurs et voyageuses, comme les apprenti·es et étudiant·es, les aidant·es des personnes hospitalisées, les migrant·es, observe que « les critères d’Atout France, c’est l’espace, le privatif, l’équipement, le technique, le confort ». Mais quid du réconfort, demande-t-il ? C’est pourtant ce qu’offrent « l’espace en commun, les espaces de rencontre, le contributif, le rapport au territoire, à l’histoire du lieu et de la personne ».
 

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Loin des standards de vacances, les enfants apprécient les joies de la vie rurale chez Cécile, à la ferme pédagogique des Sabots de laine en Haute Vienne.

 

Dans la rencontre, les paysan·nes découvrent l’étendue de leurs savoirs, notamment leur connaissance du territoire et de ses habitant·es. Colette, de l’Orne, décrit ainsi les rencontres avec des accueilli·es dont certain·es sont parisien·nes et aisé·es, très loin de son monde : « On transmet notre éducation et nos savoirs et savoir-faire. Et moi ça m’enrichit, j’apprends plein de trucs sur d’autres domaines ! » Quand les paysan·nes voyagent à leur tour, c’est avec la même volonté de faire des rencontres. Pierre-Jean, qui a fait quelques voyages lointains, « aime voyager quand il y a un but qui n’est pas que le voyage, aller retrouver quelqu’un qui vit là-bas ». Élisa, pour venir à l’assemblée générale près de Sète, a pris ses premières vacances depuis trois ans : « On s’est arrêté à Millau chez des gens qui viennent chez nous depuis sept ans tous les étés. Cette fois c’est eux qui accueillaient. Quand j’ai vu où ils habitaient, je leur ai demandé pourquoi ils venaient en Vendée. Ils ont répondu : « C’est parce qu’on vous aime ! ».
 

Aude VIDAL, salariée du Pôle InPACT, pour Accueil Paysan